Réponse de Jean Pierre Brard au Préfet de la Seine Saint Denis
Lettre du Préfet à Jean Pierre Brard à propos des parrainages
Montreuil, le 19 septembre 2007
Monsieur BALAND
Préfet de Seine Saint-Denis
Préfecture de Seine Saint-Denis
1 esplanade Jean Moulin
93007 BOBIGNY
Monsieur le préfet,
Je fais
suite à votre courrier du 11 septembre dernier dans lequel mettez en
garde contre toutes les initiatives de solidarité avec les sans
papiers, comme les parrainages républicains, que j'ai organisés à
plusieurs reprises sur le territoire de ma commune. Vous notez,
notamment, qu'à l'occasion des parrainages républicains la " remise de
cartes tricolores constitue un des éléments caractérisant l'aide à
l'entrée et au séjour irrégulier " et qu'à ce titre je peux encourir
les sanctions prévues à l'article 40 du code de procédure pénale.
Je
tiens tout d'abord à réaffirmer très clairement mon soutien aux
familles dont les enfants sont scolarisés et qui sont aujourd'hui
menacées d'expulsion. D'ailleurs, ce ne sont pas seulement le maire et
les élus municipaux dans leur diversité qui expriment leur solidarité,
mais aussi les copains, les voisins, les enseignants, les parents
d'élèves, qui ont tous dit leur refus de voir disparaître du jour au
lendemain ces membres de leur vie.
Ces familles, monsieur le
préfet, nous les connaissons bien. Les enfants sont scolarisés dans nos
écoles, participent aux activités de nos centres de loisirs et font
partie intégrante de la jeunesse de notre ville. Ces familles sont
pleinement intégrées dans nos quartiers, dans nos associations, dans
notre communauté de ville.
Les cérémonies de parrainage
républicain sont très importantes symboliquement, mais nous ne nous
arrêtons pas au symbole et défendons concrètement ces familles. Soyez
certain, monsieur le préfet, que dans cette affaire j'assumerai toute
mes responsabilités, y compris pénales.
En outre, il est des
domaines où la conduite se doit d'être guidée par la morale. C'est
particulièrement le cas lorsque les règles fixées touchent aux libertés
et à la vie des personnes. Nous n'acceptons pas que des enfants qui
sont nés en France ou qui ne connaissent que la France soit expulsés de
leur pays : la France.
Fidèle à ses valeurs et à son histoire,
Montreuil continuera donc d'offrir l'asile et la fraternité à ces
familles arbitrairement menacées d'expulsion.
J'imagine enfin,
monsieur le préfet, que vous allez également écrire à mes collègues
maires du département qui violent délibérément l'article 55 de la loi
SRU en ne respectant pas les obligations légales en matière de
construction de logements sociaux. Je ne peux croire que l'application
de la loi républicaine soit sujette à des interprétations différentes
en fonction des sujets traités.
Je vous prie de croire, monsieur le préfet, en l'assurance de mes salutations distinguées.
Jean-Pierre BRARD