Questions aux candidats : réponse de Fabienne Vansteenkiste, candidate des Verts Montreuil
Fabienne Vansteenkiste
candidate des Verts Montreuil
www.fv2007.net
Madame,
Je vous remercie pour votre courrier
par lequel vous m'interpellez sur les propositions du RESF Montreuil en
matière de politique de l'immigration.
Depuis que les Verts ont
des élus aux Parlements (français et européen) notre coopération avec
les associations n'a jamais cessé. Que ce soit avec les associations de
défense des droits des immigrés, la Cimade et le Gisti particulièrement
ainsi qu'avec des organisations travaillant de façon plus large sur les
droits humains, la LDH ou le Syndicat de la magistrature.
Des
rencontres pour travailler ensemble à des amendements ou élaborer des
propositions de loi ont toujours été une des bases de notre méthode et
j'entends bien si je suis élue poursuivre sur la même voie.
Quand
nous parlons d'immigration, nous parlons de citoyenneté, celle des
étrangers vivant en France et qui se sentent citoyens français autant
que citoyens de leur pays d'origine, nous parlons aussi d'échanges
internationaux et de coopération solidaire, enfin et surtout nous
parlons de droits humains. C'est cette approche que nous défendons et
il nous est difficile d'imaginer élaborer des lois et une politique
d'accueil et d'insertion qui ne respectent pas ces trois piliers.
Les grandes lignes des positions répétées des Verts au Parlement dans ce domaine tiennent en sept axes :
-
donner le droit de vote et d'éligibilité aux résidents étrangers le
plus rapidement possible pour sortir d'une discrimination, dont la
violence est accrue par la politique gouvernementale mise en place
aujourd'hui ;
- retrouver un véritable droit d'asile et revenir à la
pleine application de l'esprit de la Convention de Genève, en France et
au niveau de l'Union Européenne. Créer un statut de réfugié climatique.
Les demandeurs d'asile ne doivent plus se retrouver dans la précarité
et donc disposer d'un vrai dispositif d'accueil et d'hébergement, du
rétablissement de l'autorisation de travail et accéder aux droits
sociaux de tous ;
- régulariser le séjour de tous les sans-papiers
et leur reconnaître une citoyenneté de résidence. En Espagne et en
Italie, des initiatives de régularisation de grande ampleur ont été
prises avec succès, prouvant que nous devons et pouvons agir sans
attendre
- appliquer le droit de vivre en famille, afin de respecter
les textes internationaux signés par la France qui prévoient le droit
de chacun au "respect de sa vie privé et familiale" et le droit
supérieur des enfants à ne pas être séparés de leurs parents.
- abroger définitivement la double peine ;
- dépénaliser le séjour irrégulier
-
faire ratifier par la France la Convention Internationale des Droits
des Migrants, afin de garantir à ces populations les respect des droits
universels attachés à la personne humaine.
- tendre vers la liberté
de circulation notamment par une réforme de la politique des visas,
supprimant les visas de court séjour et favorisant les allers-retours.
Nous
partageons donc évidemment une communauté d'esprit avec le RESF dans
notre approche. Et c'est bien pour cette raison que notre parti et nos
élus soutiennent et participent aux actions du RESF.
En revanche
nous devons être clairs sur le contexte dans lequel le réseau éducation
sans frontières s'est construit et sur les raisons pour lesquelles son
action fait sens encore aujourd'hui malheureusement. Parce que la
politique de la droite atteignait de telles extrémités un nouveau mode
de mobilisation devait être trouvé, RESF l'a fait en concentrant son
action sur les enfants et en touchant ainsi plus facilement les parents
et le monde de l'éducation. Cela a été une première réussite qui a
permis d'amener sur les questions des droits des étrangers des
personnes qui n'avaient pas forcément été sensibles aux revendications
des sans-papiers ou qui avaient cessé d'être mobilisés. Cette action a
aussi conduit à la circulaire du 13 juin et permis de faire régulariser
un grand nombre de familles. Nous devons donc clairement poursuivre
cette mobilisation.
Cependant nous ne devons pas nous voiler la
face entre nous sur ce qui va être possible de faire au Parlement,
puisque vous présentez vos propositions comme pouvant faire l'objet
d'une proposition de loi.
Nous pourrions déposer une proposition de
loi réformant la politique de l'immigration et à ce moment là nous
devons aller bien au delà de vos propositions en intégrant tout le
travail qui a été fait par d'autres associations de défense des droits
des étrangers. La Cimade notamment a élaboré un document de 75 propositions
qui recoupe beaucoup des positions que nous défendons et couvre presque
l'ensemble des questions liées aux migrations, ce document ferait une
bonne base sur laquelle travailler.
Malheureusement force est de
constater que la vision du gouvernement en place n'est pas celle-ci et
si nous devons avoir un maximum de députés prêts à défendre ces
positions nous ne pouvons guère nous illusionner sur la possibilité de
faire approuver une telle loi. Ni même de l'amener en séance étant
donné le fonctionnement actuel de l'Assemblée.
Une alternative
envisageable et qui pourrait permettre de trouver " une niche
parlementaire " serait de s'allier avec différents députés (en essayant
d'en trouver y compris au centre voire à droite) pour élaborer une
proposition de loi concernant spécifiquement les enfants, visant à
toucher la fibre familiale des élus majoritaires dans cette future
assemblée. Si je suis élue c'est une idée que nous pourrions creuser
ensemble si vous en êtes d'accord.
Dans l'ensemble telles
qu'elles sont présentées vos propositions peuvent être la base
d'amendements à des projets de loi qui risquent de se présenter, et je
serais heureuse d'y travailler avec vous si je suis élue.
En
effet, et encore une fois, c'est surtout un travail de résistance qui
va devoir s'engager au Parlement pour, amendement après amendement,
limiter les atteintes aux droits humains. J'y suis prête et je serais
heureuse de pouvoir compter sur le RESF dans ce travail.
En vous remerciant pour votre mobilisation, je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur l'expression de mes sincères salutations.
Fabienne Vansteenkiste